Qu'est-ce qu'un Open Source Programme Office (OSPO) ?

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Qu'est-ce qu'un Open Source Programme Office (OSPO) ? #

Du secteur privé au secteur public #

Un Open Source Programme Office est une entité dans une institution qui définit et met en œuvre une stratégie open source.

Les OSPO naissent dans le monde de l'entreprise au cours des années 2000 et se répandent réellement une dizaine d'années plus tard [1]. Cet essor coïncide avec celui des logiciels libres, devenus des outils incontournables pour les entreprises du numérique : que ce soit pour les questions d'innovation, de standardisation, de contournement des monopoles ou, pour les gouvernements, sur les questions de transparence et de souveraineté numérique.

En 2020, la Commission européenne annonce la création de son OSPO ; en 2021, c'est au tour de l'Organisation mondiale de la santé. De façon générale, 2020 marque un tournant : les administrations européennes tentent de s'emparer de ce concept et de mettre en place leur stratégie open source.

Vous trouverez des ressources sur les OSPO mises à disposition par des communautés (TODO Group, OSPO Alliance [2], OSPO++) et des laboratoires d'idées (OpenForum Europe) qui portent la notion.

Une définition générique #

Appuyons-nous sur la définition proposée par le think tank OpenForum Europe : un OSPO « est une structure organisationnelle et institutionnelle qui soutient et accélère l’utilisation, la création et l'implémentation de logiciels open source. L'OSPO est le centre de gravité et de compétence en matière d'open source d'une institution. Il œuvre de façon stratégique pour atteindre les objectifs politiques de l'institution dès qu'ils ont un lien avec l'open source. » [3]

À partir de cette définition, peut-on préciser les éléments structurants d'un OSPO ?

Une construction étape par étape #

Un OSPO, c'est une entité ou une équipe garante de la stratégie open source d'une structure. Elle crée et diffuse des ressources, pour la mise en œuvre de cette stratégie, qui s'adressent à une communauté et qui permettent un dialogue avec l'écosystème élargi du logiciel libre.

  1. L'équipe ou l'entité : elle est constituée d'une à plusieurs personnes à temps plein au sein d'une organisation. Cette équipe est idéalement pluridisciplinaire, car elle doit traiter de questions techniques, légales, promotionnelles, ce dernier aspect pouvant impliquer de l'animation de communautés.
  2. La stratégie : l'équipe définit la stratégie open source (le quoi et le pourquoi) ainsi que sa mise en œuvre (le comment).
  3. Les ressources : l'équipe développe et partage des outils et de la documentation sur les logiciels libres, les licences libres, les bonnes pratiques de publication de code source, de développement, de mise en place d'une gouvernance, etc.
  4. La communauté : un OSPO répond aux besoins d'une communauté au sein de l'organisation, communauté qui peut rassembler des profils aux compétences variées. Cette communauté est essentielle à la mise en œuvre de la stratégie open source définie par l'OSPO.
  5. L'écosystème FLOSS (Free Libre Open Source Software) : s'impliquer dans le logiciel libre ne peut se faire en vase clos et exige qu'on soit en lien avec les communautés open source en général. L'équipe peut donc inciter ses membres et les membres de sa communauté à interagir avec tout l'écosystème FLOSS (associations, entreprises, etc.).
Illustration représentant les 5 étapes de la construction sous forme de pyramide
Illustration représentant les 5 étapes de la construction sous forme de pyramide

L'OSPO de la DINUM : la mission logiciels libres et communs numériques #

Pour donner une image plus concrète de ces critères, examinons le cas de la mission logiciels libres de la DINUM, qui tient lieu d'OSPO pour l'administration centrale.

Contexte d'émergence #

En 2016 est promulgée la loi Pour une République numérique qui encourage l'administration à utiliser des logiciels libres et rend obligatoire par défaut l'ouverture des données, parmi lesquelles figurent les codes sources des produits de l'administration.

Il faut ensuite attendre 2021 pour qu'une stratégie open source soit publiée et incarnée dans le pôle logiciels libres d'Etalab, devenu aujourd'hui mission logiciels libres et communs numériques de la DINUM.

La création de cette entité fait suite à la circulaire du Premier ministre d'avril 2021, laquelle endosse l'une des recommandations du rapport sur la politique publique de la donnée, des algorithmes et des codes sources (dit « rapport Bothorel ») énoncée comme suit :

Créer un Open Source Program Office (OSPO) ou une mission logiciels libres au sein de TECH.GOUV, chargée d’aider l’administration à ouvrir et à réutiliser les codes sources publics, d’identifier les enjeux de mutualisation et de créer des liens avec les communautés open source exsitantes et d’accompagner les talents français dans ce domaine.


Cette recommandation reprend deux des propositions faites par l'Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre (April) et l'Union des entreprises du logiciel libre et du numérique ouvert (CNLL) lors de la consultation publique lancée par la mission Bothorel.

La mission logiciels libres en 2023 #

Comment la mission logiciels libres de la DINUM s'approprie-t-elle ce concept d'OSPO ?

  1. La mission logiciels libres se compose en 2023 de 3 équivalents temps plein : le chef de la mission (qui s'occupe de l'animation de la communauté interne et externe, de programmes de collaboration entre l'État et des projets libres, de mettre en œuvre la stratégie de la mission), d'une développeuse (animatrice du programme BlueHats Semester of Code et responsable de code.gouv.fr) et d'un développeur (développement de briques libres pour l'administration et responsable de code.gouv.fr/sill.)
  2. Sa stratégie est présentée dans le plan d'action logiciels libres et communs numériques publié en novembre 2021. Cette stratégie a pour ambition de mieux utiliser les logiciels libres et les communs numériques ; de développer et d'accompagner la publication des codes sources ; de s’appuyer sur les logiciels libres et open source et les communs numériques pour renforcer l’attractivité de l’État-employeur.
  3. Les ressources : le socle interministériel de logiciels libres ; la liste des dépôts publiés par des administrations ; les produits développés par la mission ; la documentation.
  4. La communauté : l'équipe de la mission travaille en lien avec les AMDAC (administrateurs ministériels des données, algorithmes et codes sources) de chaque ministère afin de les aiguiller sur la question des données, des algorithmes et des codes sources, ainsi qu'avec la communauté BlueHats qui rassemble tous les agents publics qui s'intéressent et/ou contribuent au fait de mettre le logiciel libre au cœur de la transformation numérique du secteur public.
  5. Le lien avec l'écosystème FLOSS : la mission anime le conseil logiciels libres qui rassemble une variété d'acteurs.

Ouverture #

Les contours du concept d'OSPO sont encore flous : que ce soit dans le privé ou le public, on ne peut pas déployer un OSPO en suivant une recette. Mais nous espérons avoir dégagé quelques points de repère. Si les OSPO du secteur public sont encore protéiformes, leur émergence marque une prise de conscience dans les organisations du besoin d'élaborer une stratégie open source et d'y consacrer des moyens. L'existence de ces structures permet aussi de les mettre en réseau : les OSPO mettent en œuvre la transparence et la collaboration qu'ils prônent au niveau des pratiques de développement logiciel.

Où en seront les OSPO des pays membres de l'Union européenne dans un an ? Auront-ils permis de mettre les logiciels libres au cœur d'une transformation numérique souveraine ? Rendez-vous en 2024.

Références #

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